DOMINATION

Monopole sur le monde

 

 

 

 

En 1700, seul 4 % de la population du Tiers-monde est colonisée. Un siècle plus tard 16 % des habitants du Tiers-monde sont sous le contrôle des puissances coloniales, le double en 1870 (1). En 1913 la moitié des habitants du Tiers-monde a perdu sa liberté politique et économique. Les dirigeants des pays développés contrôlent directement les deux tiers de la population mondiale. Si les pays de l'Amérique Latine arrivent à échapper au contrôle de l'Europe et obtiennent leur indépendance, pour la plupart «entre 1804 et 1828» (2), tous les pays d'Afrique ont connu le joug colonial à partir de 1830. En Asie, le Japon est le seul pays qui a échappé, avec la Thaïlande, à la colonisation européenne.

Le Japon est même le seul grand pays (en population) du 19ème siècle dans l'ensemble de l'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine à être resté «pratiquement dégagé de toute domination coloniale, directe ou indirecte» (3). Et c'est précisément le seul dans ces trois continents à avoir connu une révolution industrielle comparable à celle de l'Europe et de l'Amérique du nord.

La libération des pays colonisés a lieu essentiellement dans les années 1940 et 1950. Entre 1938 et 1963 le pourcentage de la population colonisée du Tiers-monde passe de 51 % à 3 %. Et c'est précisément à partir de ces années là que la production industrielle des pays du Tiers-monde connaît un boum phénoménal (4).

 

(1) Les pourcentages ont été calculés à partir des données démographiques historiques fournies dans les ouvrages et rapports suivants:

  • Angus Maddison. L'économie mondiale une perspective millénaire, OCDE, 2001. - The World at Six Billion. United Nation Population Division. Nations Unis, 1999.
  • Paul Bairoch. Victoires et déboires Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours. 3 tomes. Gallimard, Paris, 1997.
  • Paul Bairoch. Le Tiers-monde dans l'impasse 3ème édition Gallimard, Paris, 1992.
  • Bouda Etemad. La Possession du monde. Poids et mesures de la colonisation (XVIIIe-XXe siècles). Ed. Complexes, Bruxelles, 2000.

(2) Paul Bairoch. Victoires et déboires, op. cit.

(3) Paul Bairoch. Victoires et déboires, op. cit.

(4) Voir l'article «La renaissance industrielle».

 

 


Kenz el-Bled n°0, novembre 2002.